Maison à la française

C'est au cœur d'un des plus ravissants villages de la Dordogne, la ville fortifiée de Monpazier, petit joyau médiéval connu notamment pour regrouper de nombreux artistes et artisans, que vous trouverez la poterie "La Salamandre" . Attirés par les modèles aux motifs géométriques ou les porcelaines engobées, vous franchirez les portes d'une boutique pleine de charme pour être immédiatement accueillis avec chaleur par un couple d'artisans et amoureux dans la vie, Alexandra et Jean-François. Avec son sourire lumineux, l'art de la poterie et de l'engobage n'aura plus de secret grâce à Jean-François, dont l'univers est plus spécialement celui des plantes et jardins suspendus. Au fond, vous apercevrez Alexandra dans son atelier, passionnée par les formes, les structures et plus particulièrement l'art de l'émail et de l'engobe. Ce duo d'artisans, estampillés Métier d'Art, Maître Artisan, Atelier d'Art, aux talents et inspirations croisés, vous offre une diversité de poteries aux couleurs harmonieuses démontrant un savoir-faire et une créativité qui ne pourront que séduire les esprits les plus exigeants.

La période estivale a conduit nos pas à la rencontre des artisans de nos terroirs dont le savoir-faire et la créativité nous ont immédiatement plus. Ce fut le cas à La Salamandre. La gentillesse et l'accueil d'Alexandra et Jean-François n'y sont pas étrangers, mais plus encore je dirais que le travail de l'émail et de l'engobe parfaitement maitrisé offre une richesse de créations qui sollicite immédiatement le regard et suscite le plaisir de la découverte. Nous présentons ici un très bref aperçu de leurs créations mais nous sommes repartis avec une tasse engobée et une poterie à suspendre pour les plantes qui ont tout naturellement trouvé leur place dans notre quotidien.

Les spécialistes se l'accordent : le couteau de Nontron est le plus vieux couteau de France. Bien avant le bas Moyen-Age, la région était réputée pour ses outils tranchants, grâce à la présence de minerai pour les lames, de buis pour les manches et ses eaux pures pour la trempe des lames. Il est raconté que les plus grands de ce monde passaient par Nontron pour se fournir en armes ou en couteaux. De générations en générations, la coutellerie s'est transmise à des familles, puis a été vendue en 1992 à la forge Laguiole qui continuera à faire perdurer ce savoir-faire, labellisé Patrimoine Vivant, au sein même de sa région d'origine. Facilement identifiables grâce à sa pyrogravure composée de "mouches", sorte de V inversé, encadrés de 3 points, dont l'origine reste mystérieuse, l'ensemble des modèles de Nontron font aujourd'hui la fierté du village de Nontron. De la forge au sciage, en passant par l'assemblage, la finition, la pyrogravure ou le contrôle qualité, tout est réalisé sur place par la vingtaine de maîtres couteliers au savoir-faire exceptionnel transmis sur place dans le secret dela forge.

Tout Périgourdin qui se respecte et aime sa contrée a son couteau de Nontron. Il s'offre aux fils par les pères, se transmettent des grands-pères aux petits-fils. Qu'il soit canif ou couteau de table, de poche ou de cuisine, le couteau de Nontron est un objet élégant et pratique qui témoigne d'un véritable art de vivre ancestral, dont les méthodes traditionnelles de fabrication et les formes proposées ont su traverser les âges et les époques sans prendre une seule ride.

De la cuisine à la coutellerie, il n'y a qu'un pas : celui qui consiste à passer de l'autre côté du manche et se mettre à réaliser des couteaux de qualité tenant compte de sa propre expérience. Après un CAP de cuisine puis de boucherie, Yann Arnoult décide devenir taillandier.  Sur cet art traditionnel, consistant à fabriquer des objets tranchants, est venu se greffer celui de fèvre coutelier qui est l'art de fabriquer à la forge les outils taillants. C'est ainsi que depuis son atelier de Mollans-sur-Ouveze, Yann forge des lames à l'ancienne au charbon de bois depuis un peu plus de quatre ans, quasiment ergonomiques, en lien avec le chef Aurélien Poirot, le second d'Anne-Sophie Pic. De ses mains, sortent des couteaux exceptionnels, esthétiques, pensés jusque dans les moindres détails. Des couteaux de cuisine, mais également des couteaux de combat, des dagues ou des hachettes. Ce métier étant l'art de la passion et de la transmission, son atelier est ouvert pour apprendre lors de stages à calibrer le charbon, allumer la forge, forger la pré-forme, la pointe et l'émoulure du couteau, polisser et tremper la lame, puis affûter.

La magie des réseaux sociaux et surtout la magie de ceux qui comme nous ont à cœur de défendre l'artisanat français, a porté à notre connaissance ce merveilleux artisan qui mérite d'être mieux connu et mis en avant. En répondant à un appel sur Instagram à lui donner un coup de pouce pour éviter que sa forge ne ferme, nous nous sommes procurés deux couteaux : l'Office, le couteau traditionnel de cuisine au manche  en bois d'olivier, et le Mediev, brut de forge. Le cuisinier chez nous, et le grand amateur de couteaux, c'est le fiston. Selon ses dires, il les trouve esthétiques, très agréables en main, de qualité et donnant envie de cuisiner. Le pari est donc réussi, et personnellement, je le confirme.

C'est en Anjou, sur les bords de la Loire, que Landy Rakoto a décidé de poser ses valises en 2021 pour s'adonner pleinement à son art de la céramique émaillée, au sein d'une maison en pleine verdure, et son atelier sous les combles. La poterie de Landy Rakoto est en soi une signature, une marque éponyme d'ailleurs. Il faut dire que la jeune femme a un parcours qui pourrait en faire chavirer plus d'un, des études brillantes, des années d'effervescences musicales à Berlin et la découverte de la poterie, un passage à Londres dans l'univers du marketing, passionnée de photos, d'instruments de musique, de culture, rien ne lui résiste. La poterie s'impose, comme un souffle à donner à son univers tourbillonnant, qu'elle pratique de façon méditative et introspective. Un moyen de retrouver une forme de spiritualité à travers le geste répété, la terre, la maitrise du temps long et de la technique. Un art au fond qui a su réunir toutes ses passions à travers les formes, les couleurs, le recherche de l'esthétique et de l'originalité, qui n'a point laissé indifférents les connaisseurs en la matière. Un ravissement enchanteur à découvrir.

Je l'ai découverte un peu par hasard, très heureuse de découvrir un univers qui portait une empreinte créative reconnaissable, esthétique et originale. Je l'ai même contactée, étant très touchée de sa réactivité à me répondre et gentillesse immédiate. C'est en préparant cet article que j'ai découvert en farfouillant davantage qu'elle était plutôt très reconnue. De nombreux articles lui sont consacrés dans la presse et quelques unes de ses lampes illuminent même un restaurant parisien. Je dirais donc que mon instinct en la matière ne m'a pas trompée, confirmé en cela par ces magnifiques objets reçus dans la foulée que j'adore. Son assiette ou vide-poche Donut, ses mini mugs à café et son verre à pied sont très beaux et très agréables à utiliser.

La céramique, c'est une passion depuis toujours. Passé le temps de l'étude, de la formation, de l'apprentissage des techniques et de la matière, Eloïse fonce et ouvre son atelier dans la foulée en plein Périgord. Agée d'à peine 30 ans, elle séduit immédiatement par le style tout particulier de ses créations, qui ont su trouver rapidement leur place dans des restaurants, et se font remarquer également dans plusieurs magazines. Il ne faut pas s'en étonner car dans le milieu de la poterie, beaucoup s'y exercent mais peu se distinguent par une identité forte, originale, qui porte en elle la marque et la personnalité de leur créateur. Ici, la nature se fait matière : la coquille d'œuf, la dentelle, les fleurs, les pois, les oiseux sont autant de motifs qui deviennent bordures ou formes de l'objet. Le résultat : des créations aux contours sinueux, arrondis, bombés, dentelés, qui ont le charme des imperfections maitrisées et spontanées.

Le Périgord c'est ma contrée et pourtant, Eloïse Dubois c'est une découverte récente. Encore un coup de cœur allez-vous me dire, c'est bien normal vais-je répondre puisque je ne parle bien que de ce que j'aime. Dans le cas présent, j'ai adoré ses créations, et j'ai adoré la personnalité d'Eloïse Dubois, sa fraicheur, sa spontanéité, la façon dont elle parle et partage ses phases de créations, ses produits. C'est important l'humain, ça rejaillit forcément d'une façon ou d'une autre dans le geste de création. Bref, voici mes précieuses acquisitions : la saucière oiseau, le bol dentelle, la tasse bubble, le bol Myosotis, le bol coquille d'œuf et le bol tout rond avec sa cuillère à graines. Des objets ravissants qui rend le quotidien plus lumineux.

Après un parcours académique de droit, un pied dans la sculpture, et un 4ème enfant, Alix D.Reynis revient en 2011 à ses premières amours : créer des objets en porcelaine sculptés, tout droit inspirés de l'histoire de l'art et en particulier de l'art de vivre du XVIIIème siècle. Au fil du temps, Alix D.Reynis s'est imposée comme une marque de référence, qui porte en elle un univers et une identité qui lui sont propres, cohérentes jusque dans le choix du logo, des motifs, des textes et de leur vitrine. La pureté de ses porcelaines, toutes en blancheur et comme ciselées, témoignent à la fois de sa culture et de sa passion pour l'histoire et l'art, tout en étant irradiées par son élégance et sa féminité, qui en font à la fois des objets actuels et raffinés mais porteurs de sens et intemporels. De la cuisine à la salle de bains, du luminaire au salon, Alix D.Reynis revisite les codes du quotidien en leur infusant l'âme et l'esprit d'antan. Formée au modelage, elle sculpte des modèles en plâtre, pour être ensuite coulés en porcelaine à Limoges, puis produits en série. Elle crée également des bijoux qui témoignent de son goût pour l'art d'autrefois. Après avoir travaillé plusieurs années de chez elle, Alix D. Reynis a désormais deux boutiques à Paris et de nombreux points de vente. Son atelier se situe rue Jacob dans le Marais. Pureté, délicatesse, exigence du savoir-faire : ses créations sont une invitation à à la beauté et à la poésie. En somme, un art de vivre.

Qu'est ce que j'ai pu rêver devant cette marque. Depuis des années, pièce après pièce, Alix D. Reynis s'est introduite dans mon univers au gré de coups de cœur, de ventes privées, de cadeaux. Je suis tombée en amour comme on dit, de son parcours, de sa capacité à créer des pièces chics et simples à la fois, qui nous font devenir une autre tout en restant la même : la magie, comme en littérature, d'être ici et ailleurs, transportée dans une période qu'il est difficile de ne pas aimer, la quintessence de l'art de vivre décoratif du XVIIIème. On voudrait tout mais en rêver c'est déjà presque le posséder.

Un chat dans ma botte, c'est en quelque sorte la madeleine de Proust de l'enfance avec ses contes, les ronds de serviette des tables familiales, ceux plus anciens que son grand-père exhumait, une jeunesse baignée dans la créativité d'une mère artiste et le goût pour recycler. Après des études d'art à l'atelier Hourdé et quelques années en entreprise, la fibre créatrice la rattrape et Elodie Souillard ouvre son atelier à Paris puis à Nogent sur Marne fin 2018. Sa passion : le rond de serviette en laiton, entièrement façonné à la main, et notamment son produit phare, le laiton martelé à la main. Elodie Souillard devient ainsi la première marque pionnière artisanale française de ronds de serviette en laiton réalisés de A à Z, où chaque lettre est poinçonnée une à une. Très vite, les premières commandes affluent, et notamment de restaurants renommés. Avec ses 5 polices de caractères, ses 250 motifs à graver et ses différentes tailles, c'est l'assurance de posséder des objets uniques, personnalisés à votre image, originaux et artisanaux.

Je dois l'avouer, nous déjeunons et dinons sans serviette. C'est un mystère pour beaucoup mais c'est une réalité. Autant dire que le rond de serviette n'est pas spontanément un objet du quotidien. Et pourtant, comment ne pas tomber en amour devant ce magnifique travail artisanal qui redore la blason d'un objet jugé désuet et qui pourtant devrait retrouver toute sa place à l'heure des serviettes en tissu. Nous en avons fait graver un, au nom de Scivias. Il est tellement joli que je le porterais presque en bracelet.

C'est au cœur des Cévennes que Florence Girod s'installe officiellement comme céramiste en 1995, mettant en œuvre une unique technique appelée "terres mêlées" ou "terres marbrées" ou "nériage". De ses mains qui mêlent entre elles des couches d'argiles de couleurs différentes, sortent des créations incroyablement propices à la rêverie et à la contemplation, distinguée et primées à de nombreuse reprises lors d'expositions ou de salons. Le nériage, c'est l'école de la patience et du lâcher-prise : une fois assemblées sous forme de gros pains, les argiles sont ensuite tournées, façonnées, tournasées, poncées, cuites puis émaillées avant de passer dans le four pour cuisson une seconde fois. Tout l'art réside dans le jeu entre la manipulation de l'argile et la cuisson qui vont décider du rendu final. Les pièces sont ainsi toutes uniques, authentiques, et au rendu incroyable pour ne pas dire fascinant.

Les poteries de Florence Girod sont en elles-mêmes un art de vivre. Elles reflètent l'âme et la créativité de celle qui les a conçues, et venant sur nos tables, elles arrivent chargées de cette histoire pour intégrer désormais les nôtres. Tout terrain, leur élégance ne cache pas leur utilité et praticité. C'est ainsi que saladier, tasses et poivrière/salière sont désormais des objets de la vie de tous les jours.

Il faut lire dans les lignes courbes de ses assiettes, dans les arabesques de ses plats, dans la couleur de ses mugs émaillés pour déceler toute la générosité et la passion de cet artisan à la fois si discret et pourtant si accessible. Son apprentissage de la céramique démarre lorsqu'il a 45 ans, une révélation qui nait et s'ancre grâce à la transmission par ses pairs. Un savoir-faire qui passe de mains en mains, où les expériences se partagent et les rencontres se créent. Benoît Breymand se fait fort de créer un art de la table pour les plaisirs de la bouche, un plaisir visuel qui rejoint le plaisir gustatif. Il n'est donc pas étonnant que ses pièces partent principalement à destination de restaurants, afin d'exhausser l'art culinaire des maîtres queux. Art et gastronomie, générosité et plaisir, telle est la source de de son inspiration et ce qui émerge de sa créativité.

La magie des réseaux vous révèle de temps à autre des pépites. Potri en fut une car rien ne me ravit davantage que de la belle vaisselle, originale, élégante, moderne, pratique, et qui donne à la fois envie de cuisiner et de préparer de belles tables, sans se ruiner. De surcroit, beaucoup de ses pièces ont des formes si créatives qu'elles peuvent avoir des usages multiples, et embellir aussi bien une table que servir dans une salle de bains.